Livre X des Métamorphoses

Publié le par Amandine

Livre X

 

Orphée & Eurydice

 

Le livre X commence avec l'épisode d'Orphée, son mariage avec Eurydice puis la mort de celle-ci. La cérémonie est présidée par Hyménée, or la torche siffle et provoque des larmes dégagées par la fumée. Ni paroles, ni visages, ni heureux présages ce qui est différent des discours habituels qui promettent le bonheur. On a donc des les premières lignes un mauvais présage. Suit la blessure d'Eurydice et sa mort.

Dès la première page, Ovide donne le ton du livre; à l'amour sont associés la mort et la douleur. (N.B. fonction de l'incipit)

 

On appelle catabase le motif de la descente aux enfers. Ce motif littéraire est rapidement expédié en seulement quelques vers par Ovide car trop connu (motif récurrent de la littérature gréco-latine). Il détourne l'intensité dramatique dans la supplique pour appuyer sur la rhétorique poétique d'Orphée et la remontée.

C'est un discours au nom de l'amour, la thématique est "amor vincit" mais évoque aussi la souffrance. Il associe son histoire à celle des dieux. Son discours repose sur un raisonnement:

 

- D'abord il veut s'attirer la bienveillance des dieux ("Ô divinités"),

 

- ensuite il définit son objectif ("je suis venu chercher mon épouse"),

 

- puis il donne une explication : il a essayé de surmonter cette perte mais n'a pas réussit. Il rappel alors l'amour passion entre Hadès & Perséphone qui sont le symbole du couple unit par l'amour.

Son argument repose alors sur ce couple des enfers, s'ils refusent, ils n'incarneront plus ce symbole; Orphée est à limite du chantage. Il ajoute ensuite que Eurydice n'est pas morte à l'âge de la mort, alors il demande un sursis jusqu'à ce qu'elle soit en âge de mourir. Il demande le droit de vivre l'amour et tant donné que le partage du temps appartient au couple Hadès/Perséphone (cf : leur histoire; les saisons). Il lui faut les persuader, les flatter, montrer qu'on est sensible à leur pourvoir.

 

C'est un éloge de la parole, on peut par des mots vaincre la toute puissance, c'est "une ode à la poésie" et a sa vertu d'attendrissement. Son chant provoque de l'émotion chez tous les présents; ceux qui ne pouvaient pas pleurer, pleurent; ceux qui n'avaient pas de pitié , en éprouvent et même les plus méchants s'attristent. Il s'agit de persuasion et d'émotions nobles, comme si seul le poète Ovide/Orphée avait ce pouvoir même plus puissant que celui les orateurs. Ce passage amorce l'émotion à venir.

 

Ovide semble faire une économie de moyen lors de la remontée qui se passe en silence, elle n'est pas décrite car le texte est focalisé sur la faute commise par Orphée. L'atmosphère est lugubre et angoissante comme pour justifier la crainte d'orphée. Le silence de la remontée est peut-être un silence de suspence pour tous les dieux et les présents comme s'ils se posaient la question, vont-ils réussir ? Ce peut-être aussi un rappel aux rites initiatiques des mystères orphiques. Les deux amoureux ne parlent aps de leur émotion pourtant cela ne leur est pas interdit. On observe donc quelque chose d'énigmatique, le texte ne justifie pas qu'il se retourne. On peut se demander si sur le plan symbolique ce n'est pas une quête du beau, de l'absolue? Il se retourne par crainte qu'Eurydice ne soit plus ce modèle de perfection.

 

On ne sait pas pourquoi il craint qu'elle ne le suive pas. L'idée d'Ovide, c'est qu'il s'est retourné par amour (c.f : la parenthèse), par attraction, ce qui montre toute la puissance de l'amour sur la raison. La passion est donc à la fois une force et une faiblesse. Ovide a la volonté de nous montrer un personnage amoureux. 

C'est au nom de l'amour que Orphée refuse ensuite tout autre amour. L'amour lui est devenu imossible, ce qui amorce d'autres épisodes d'amour soit absolus, soit impossibles, soit même interdits. Orphée reporte son amour sur les jeunes garçons car il a décidé de ne plus jamais souffrir avec les femmes. Cependant, il semble qu'il choisisse tout de même des jeunes garçons un peu efféminés. Ici, il n'est pas question de morale juste d'amour.

 

Les arbres qui marchent

Le chant de la lyre va provoquer un miracle. Un seul être humain est présent, Orphée désespéré chante sa douleur, ce qui fait venir des arbres. Les arbres qui ne peuvent se déplacer le font pour aller dans ce lieu grâce au poète qui donne la vie. Le plateau était découvert, désert jusqu’à ce que la végétation composée de toutes les espèces possibles arrive. Le premier arbre a apparaître est celui de Zeus, le chêne. L’épisode met en place 26 espèces, on obtient quelque chose de très pictural avec beaucoup de couleurs. Pour seulement l’espèce arbre, on découvre énormément de sous-espèces. C’est un changement de ton par rapport au passage des Enfers grâce à cette palette chromatique importante. C’est une célébration de la peinture et une façon de vanter le pouvoir de l’art. C’est donner la toute puissance à l’écriture capable de peindre ces arbres. Ovide est comme Orphée, il a cette capacité. Le passage se termine par l’évocation de la métamorphose d’Attis qui sert de transition avec l’épisode qui suit, vrai première métamorphose du livre.

 

 

Cyparissus

Le thème de l’amour tragique se poursuit ; l’amour sans mesure, passionné amène à une tragédie. L’amoureux cause la perte de l’être aimé. La victime est un cerf consacré aux Nymphes. On s’inscrit ici dans le mythe des amours monstrueuses. C’est une amitié tellement passionnée qu’elle confine à l’amour car Cyparissus ne veut pas survivre à la mort de son cerf. Ovide donne un portrait merveilleux du cerf « des cornes qui resplendissent… » donc il semble être un ami des dieux., Ovide fait le culte de sa beauté et l’humanise jusqu’à le féminiser. Il veut rendre vraisemblable le fait qu’un garçon tombe amoureux de lui. (N.B : le cerf porte bijoux comme ceux de la statue de Pygmalion) Ici l’être humain arrive à aimer un animal de la façon humain. L’être aimé meurt à cause de celui qui l’aimait le plus. Après le lyrisme de la rupture rapide (qq vers) et la brutalité du fait « par mégarde » qui n’est du à aucune faute, suit l’expression du chagrin. Le dieu est ému par Cyparissus et tente de la consoler, consolation qui échoue. Par récompense à ce degré d’amour, le dieu va trouver un soulagement à ce chagrin et répond à la demande de Cyparissus par la métamorphose. Cette métamorphose est progressive car ce n’est pas une sanction mais un soulagement. La posture du personnage le montre en train de supplier les dieux, vers les étoiles. « Toi tu pleureras les autres et t’associeras à leur douleur », en effet le cyprès est un arbre planté dans les cimetières (fonction étiologique : expliquer par des mythes la réalité). C’est l’expression végétale du chagrin.

 

 

Ganymède

 

Cet épisode permet une digression afin de redonner la parole à Orphée qui restera le narrateur jusqu’à la fin du livre X. La preuve des récits d’Orphée est l’amour de Jupiter pour Ganymède. Le roi de la poésie s’adresse au roi des dieux, c’est le premier à être citer comme avec les arbres. L’histoire est succincte car elle n’a pas besoin d’être raconter puisque tout le monde la connaît. Il rappelle juste la transformation en aigle. L’histoire n’est pas vraiment tragique car elle permet à Ganymède de vivre au pays des immortels. Orphée raconte un amour pédérastique de Zeus. (Rappel p12 ; échos aux derniers amours d’Orphée)

 

 

 

Hyacinthe

C’est l’histoire d’amour d’un dieu pour un enfant. Comme pour Orphée et Cyparissus, la mort de l’être aimé est causé par celui qui aime. Ici c’est Apollon qui est responsable de la mort de Hyacinthe. Il y a un contraste entre le moment heureux du jeux et le coup soudain qui provoque le malheur et la douleur du dieu. L’émotion créée est multipliée par le fait que le dieu lui-même ne peut le soigner, il est impuissant. On note le champ lexical de la fleur pour annoncer la métamorphose. Hyacinthe est d’une grande beauté jusqu’au moment de sa mort, il meut avec élégance dans une image délicate (il glisse). Mort à la fleur de l’âge comme Eurydice, et transformé en végétal comme Cyparissus. Chacun garde le souvenir de cette mort cruelle, la fleur est rouge. Ici encore c’est l’étiologie au service de l’étymologie. Il écrit sur la fleur AI qui signifie hélas de façon à amplifier la cruauté. Cette fleur est l’incarnation de la plainte. Les Hyacinthies semblent être inventées.

 

 

 

Les Propétides et les Cérastes

 

Ici s’opère un changement de ton. Les Propétides sont des « monstres » qui ont avili l’amour faisant ainsi injure à Vénus. La colère de Vénus entraîne un châtiment, elle punit car il s’agit de son île. Les Cérastes sont transformés en taureaux car ils portent des cornes. On punit des sacrilèges à propos de sacrifices. Le thème de l’amour est maintenant. Les Propétides deviennent les premières prostituées et sont ensuite par un deuxième châtiment transformées en pierres puisqu’elles ont elles-même des cœurs de pierre. Dans cet épisode, la métamorphose châtiment, punition est définie par un milieu entre mort et exil, c’est l’idée d’un châtiment intermédiaire. L’animalisation des coupables, c’est les faire quitter la vie humaine, donc mourir. Pour les Propétides le fait de les transformer en pierre est une deuxième métamorphose. Cette métamorphose permet le lien avec la statue de Pygmalion.

 

 

Pygmalion

 

Ce mythe va inspirer beaucoup d’artistes, musiciens, écrivains… Et l’expression « être un Pygmalion » va rentrer dans la langue courante.

 

Il y a ici deux thèmes majeurs : la création, créateur/créature et la science-fiction, rivaliser avec les dieux, produire artificiellement une créature.

 

Pygmalion est vertueux ; à l’origine, il est choqué, dégoûté par l’impudeur des femmes, comme si toute femme était l’incarnation du mal. En même temps, il n’a pas renoncé à l’amour véritable car sa statue est un idéal féminin. L’ivoire de la statue la rend symbole de pureté. Cette beauté rejoint l’idéal antique, idéal figuratif « mimésis », imitation de la nature. Dans cette statue, on a comme un être charnel, vivant. L’art est à ce point parfait qu’il est supérieur à la nature. La statue, idéal de perfection, est capable de susciter l’amour, valeur de l’art. Au point que Pygmalion est troublé, abusé.

 

La première métaphore est traditionnelle, celle du feu symbole de passion, puis vient le trouble, l’hésitation, peut-être même l’hallucination. Il y a une anticipation sur la métamorphose à venir. Pygmalion va jusqu’à lui offrir des cadeaux conforme au code amoureux comme à un être vivant. On note un plaisir d’écriture de la part de Ovide avec de l’érotisme, de la sensualité, des beaux objets colorés. Pygmalion ne fait pas que regarder, il touche aussi, dans un empressement amoureux.

 

Il revient à la réalité au moment de la fête de Vénus. Les « encens qui fumaient de toute part » annoncent un bon présage. La prière de Pygmalion demande une femme comme sa statue mais l’idée de métamorphose ne vient pas de lui. C’est l’histoire d’amour heureuse du livre X, avec une situation double, physique, érotique mais aussi création artistique. L’animation de la statue, commence par des baisers ; elle naît par l’amour, l’amour est une deuxième naissance. On note à partir de là l’inversion situation initiale et situation finale. C’est aussi un hommage à Vénus, l’homme pieux est récompensé.

 

De plus, on observe la mise en place d’une réflexion sur l’art. L’artiste bénéficie du soutient bienveillant de la grâce des dieux comme s’il ne pouvait pas y avoir de créateur sans intervention divine. La métamorphose n’aurait pas été heureuse sans Vénus. Par rapport à la tradition, Ovide donne un statut particulier à Pygmalion, qui devient l’artiste d’un miracle avec une première notion, l’idée qu’il n’y a pas d’art sans désir. Comment a-t-il réalisé cette statue ? Apparemment elle n’a aucun modèle, c’est l’idéale artistique de beauté pour Pygmalion qui n’a pas imité la nature ; il a été plus loin ou ailleurs. La conception commune entre Ovide et Pygmalion est que la nature est inférieure à l’art, elle est impuissante quand il s’agit d’aspirer la beauté, il faut parer la nature pour la rendre plus belle. Ici la nature va être sublimée. « L’art est à ce point parfait qu’il donne l’impression d’imiter » alors qu’il embellit. Le passage se clôt sur la naissance d’une petite fille.

 

 

 

Myrrha

 

C’est l’épisode le plus long du livre X. Il met en scène l’arrière-petite-fille de Pygmalion. L’histoire de Myrrha est une histoire tragique dans la mesure où Myrrha va être montrée comme ne pouvant échapper à son destin. Le texte insiste sur les efforts qu’elle fait pour y échapper. Il y a deux premiers épisodes puis la péripétie centrale et enfin le dénouement. Ovide nous a mis en garde - apostrophe au lecteur – qu’il s’agit ici du sommet de la sauvagerie pour les latins, Myrrha semble venir de contrées barbares à la frontière de l’empire (« je félicite notre patrie… »). Nul part dans la première partie le mot inceste n’est prononcé mais crime, forfait. L’art d’Orphée comme Ovide est de nous tenir en haleine.

 

Le monologue du personnage, dont la fragilité est l’espoir d’échapper à sa fatalité montre chez elle une sorte de naïveté, elle a pourtant conscience du crime. Une folie agit sur Myrrha, elle comprend son échec, qu’elle ne peut pas être autre que ce qu’elle est. L’altérité qui lui permettrait d’échapper à l’interdit relève de l’impossible. C’est une « victime du hasard ».Ce raisonnement dans lequel elle s’accuse est un réquisitoire, elle va faire un choix tragique celui de la mort. On note trois tableaux :

Le discours à deux sens entre elle et son père, ce discours ambiguë pourrait sembler être seulement de la piété filiale relève de l’interdit. Ce geste paternel engendre son remord.

Le monologue délibératoire, qui donne l’image d’un arbre vacillant. Elle choisit la mort, idée que le désarroi amoureux peut conduire au suicide. Ovide anticipe par l’image de l’arbre sur la métamorphose. Ce monologue se déroule la nuit, symbole qu’elle est dans les ténèbres.

L’intervention de la nourrice, elle sauve Myrrha de la mort mais la mène au crime. Mise en place d’une tonalité pathétique, expression théâtrale de la douleur. Douleur d’avoir échappé à la mort et douleur de la nourrice d’être tenue au secret comme une esclave. Sur le plan littéraire, c’est une scène de lamentation parfaite, dont l’art peut s’emparer (aspect théâtral, pictural…)

Myrrha est obligée d’avouer, ensuite la nourrice promet : ainsi le piège se referme car un tiers prend en charge ce que Myrrha tentait de fuir. On a ici une écriture de la diversité.

 

Les fêtes en l’honneur de Cérès arrivent, le thème de l’amour et la chasteté de 9 jours vont permettrent à la nourrice d’avoir une raison de faire une offre au roi. La nourrice fait preuve de beaucoup de zèle, elle est empressée. Aussi, elle va conduire Myrrha par la main jusqu’à la chambre de son père, elle fait le même geste que pour conduire la mariée chez son mari. C’est donc une entremetteuse expérimentée, elle promet et s’exécute sur-le-champ. On note le champ lexical des ténèbres, de la nuit ; cette nuit renforce la dramatisation de la scène et permet le doute, la confusion, Myrrha est hésitante, entre deux.

 

La scène est quasiment réduite à un dialogue à double de sens, ironie tragique. Le personnage de la mère fait écho à l’histoire de Perséphone. Les fêtes de Cérès rappellent celles de vénus. Et Vénus est celle qui a rendu Pygmalion heureux, comme si l’excès de bonheur contentait déjà en lui le malheur à venir. Le père de Myrrha est facilement infidèle. Et permet l’idée que le père puisse avoir un désir de passion incestueuse inavouable ou inavouée. C’est la rencontre de deux désirs qui n’auraient pas du se rencontrer. La fin de l’histoire est sous le signe de la souffrance, celle du père qui voit à la fois son crime et sa fille, et Myrrha qui prend la fuite pour une errance de souffrance.

 

La scène de l’accouchement combine deux souffrances, physique et intérieur. Myrrha demande à la manière des grands maudits de la tragédie, elle demande d’être bannie des vivants et des morts. D’où l’hypothèse d’entre deux. Cette supplique relève d’un désir de libération, de soulagement, c’est une métamorphose libératrice. Alors qu’elle a commis un crime, sa souffrance est telle que les dieux vont être bienveillant et vont l’aider. La métamorphose n’est pas récompense ni châtiment mais compassion. La description réussit de la métamorphose, métamorphose le texte lui-même, on passe d’un registre tragique à du merveilleux. La transformation en arbre symbolise les larmes.

 

Dans cette métamorphose, il y en a une autre, l’accouchement. Ce qui montre que les dieux l’ont pardonné, on passe de la laideur au sublime, du sacrilège au pardon, de l’obscurité à la lumière car le nom de Lucine contient l’étymologie LUX, la lumière. Ce nouveau-né rappelle « les amours » des peintres.

 

 

Vénus et Adonis

 

La transition entre l’épisode Vénus et Adonis vers Atalante permet un changement de narrateur puisque c’est Vénus qui raconte à Adonis l’histoire d’Atalante pour justifier la mise en garde qu’elle vient de lui faire. Le récit de Vénus est enchâssé. La mise en garde de vénus amorce le récit « d’un crime » et d’un prodige. Blessée par la flèche de Cupidon, Vénus s’éprend d’Adonis. Comme quoi nul n’est à l’abri, même une déesse peut tomber amoureuse et avoir les mêmes symptômes d’un mortel. C’est l’idée que Vénus va souffrir par le fils de celle à qui elle a infligé une passion criminelle (Myrrha). C’est un retournement de situation, une vengeance. Vénus est victime du sort qu’elle a elle-même engendré, la malédiction se retourne contre elle. Vénus est plus âgée qu’Adonis, lui est fils d’un inceste et elle est maternelle, initiatrice envers lui, d’où le soupçon d’inceste dans leur relation. Vénus est présenté comme omnubilée par la pensée de son amant et oubli son statue de déesse (rappel de la peinture des amoureuses). Cela permet aussi à Ovide de mettre en place un tableau assez érotique. Mais l’amour de Vénus est en danger (cf. : logique de l’alternance). Le lien entre l’histoire d’Adonis et le récit enchâssé est celui de la haine de vénus envers les bêtes sauvages.

 

 

Atalante

C’est l’histoire d’une faute envers Vénus. Atalante est d’abord présentée par sa beauté mais elle ne peu se marier car un oracle lui a donné une prédiction funeste. Pour retarder le malheur, le tragique, le destin, elle choisit la course. Le pouvoir de sa beauté fait s’inscrire les hommes malgré la cruauté , car les perdants doivent être mis à mort. C’est l’éloge de la puissance de l’amour, d’où le fléchissement de la raison d’Hypomène, le corps d’Atalante a tous les critères de la beauté. Hypomène propose le défi à Atalante, pendant qu’il lui parle, elle va tomber amoureuse de lui, il la fait douter. S’il perd, elle le perd mais s’il gagne, elle va à sa perte ; dans tous les cas elle est perdante, elle est confrontée à sa tragédie. C’est la première fois qu’elle tombe amoureuse. Comme toujours l’amour est associé au tragique. La réciprocité de l’amour est immédiate et toute puissant, allant jusqu’à anticiper.

 

Atalante accepte la course avec l’idée qu’il y a une vérité dans l’amour : celui qui aime estime que l’autre, l’être aimé vaut plus que lui-même. Aussi, Atalante accepte l’idée de (se) perdre. Hypomène demande le secours de Vénus (cf. Pygmalion). Vénus aime les amoureux et leur est favorable. Les pommes sont les attributs de Vénus d’où le don de pommes à Hypomène.

La scène qui décrit la course est une scène comme si on était spectateur, impatience, désir…c’est une écriture poétique, légère. D’abord Atalante est prise par l’effet de surprise puis la troisième pomme est décisive. Les pommes sont une ruse de la déesse, elles sont lourdes car en cuivres donc ralentissant. Le fait qu’elle coure après les pommes, est-il un critère misogyne ? Montrant la curiosité des femmes. En tout cas c’est grâce à vénus qu’elle ramasse la troisième pomme. Jusqu’ici tout va bien.

 

Mais Hypomène va se montrer ingrat. C’est un crime de lèse divinité, il se rend coupable de ne plus être pieux envers elle. D’où le changement brutal, Vénus est touchée dans son orgueil. Elle va le punir. Aussi, elle les amène à commettre une faute qui provoquera fureur et punition de Cybèle. Elle inspire un désir passion à Hypomène. Vénus leur tend un piège dans une grotte où il y a très peu de lumière. Ils souillent un sanctuaire involontairement. Elle les force à l’impiété et Cybèle les condamne à subir une métamorphose en lions. L lion étant réputé pour courir très vite, et ne se reproduisant pas selon les croyances antiques. Donc pour eux, c’est un moyen de les punir de leur désir. C’est une métamorphose châtiment.

 

Malgré tout Adonis meurt à la chasse blessé par un sanglier parce qu’il n’a pas écouté Vénus. Orphée reprend la narration dans une histoire qui se rapproche de la sienne, dans la mesure où l’être aimé qui meurt cause le désarroi de l’autre, c’est comme un point commun entre Orphée et Vénus. Ce qui permet une humanisation ce celle-ci avec des gestes tragiques. Sa souffrance parce qu’elle est impérissable va métamorphoser l’être aimé en objet impérissable, en forme nouvelle. La métamorphose en Anémone se caractérise par le fait que le mot anémone vient du mot vent. Le vent suggère la notion d’éphémère. La fleur de la beauté est en contradiction avec l’idée de se rendre impérissable. Et bien non, puisque c’est une fleur qui se renouvelle tos les ans, elle disparaît et l’année d’après renaît. C’est l’incarnation du paradoxe éphémère / éternel. On peut penser qu’il y a un autre art que la beauté des fleurs, de même les dieux ont besoin pour que leurs paroles perdurent, de la parole poétique. Par le nom, par le mot, par la poésie. La transformation fait référence à sa mère, transformation végétale comme pour le grenadier qui contient des graines sous son écore.

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