La Chartreuse de Parme: réalisme stendhalien et analyse de passages importants.

Publié le par Alix

[edition utilisée afin de se repporter aux pages/lignes: : La chartreuse de Parme, Stendhal, GF flammarion]

Introduction: le réalisme Stendhalien

1848= césure du XIXeme siècle, entre deux périodes pour le moins différentes: la première moitié correspond au carrefour de plusieurs mouvements -on assiste à l'avenement du Romantisme- à l'origine du réalisme, dont le précurseur est Stendhal.Les contraintes classiques s'opposent alors aux libertés romantiques.

Romantisme: être de son temps, revendiquer la mordernité -à la base, on parle de "romantiscisme".

Chez Stendhal se créé une dualité entre quelque chose de romanesque et la rigueur d'une analyse critique, une tentation romantique (quasiment lyrique) opposé à un certain contrôle des sentiments.

Stendhal prône la prose -le vers est alors la forme par excellence selon Hugo- + son oeuvre présente des principes de réflexion; il présente également un goût pour l'introspection -Stendhal est un amateur de Chateaubriand, même si son style est beaucoup moins "ampoulé" que dans René-, ansi qu'une préférence pour l'authenticité, le naturel, le réalisme -pourtant, dans la Chatreuse, son réalisme n'est pas objectif: la vision de Fabrice domine (exemple: scène de Waterloo), donc influence.

Analyse du paratexte de la Chartreuse de Parme

[fictif; On s'attend à la Duchesse comme héroïne de par les chroniques de la Cour de Parme, dimensions politiques également attendues.]

->un roman d'apprentissage: Fabrice ne sait rien, même pas l'amour-> Mosca le qualifie "d'être primitif", il est constamment étonné (cf Waterloo, évolution dans son éducation: dégoût devant un cadavre, pitié ensuite, puis joie ("ça y est, je suis un vrai militaire") par exemple)

->un roman d'aventures: franchissement de frontières, des évasions+ structure par épisode, succession d'intrigues (héritée de Walter Scott?)

->un roman historique (résumé du Profil se rapportant à la Chartreuse, editions Hatier): Stendhal n'est pourtant pas un disciple de Scott (chef de file officiel du roman historique): le roman ne mêle pas de perso°s fictifs à des personnages historiques (Napoléon est mentionné, sans plus)+ Cour de Parme purement fictive/ Mais éléments historiques tout de même (Waterloo...)

->un roman d'analyse: psychologie (amoureuse) (cf René, Chateaubriand, entre autres) développée, rappel au traité De l'amour+ les mouvements de l'âme au centre des préoccupations, avec jeu sur la focalisation interne, les évolutions (exp: l'amour de Clélia et Fabrice),rien n'est dit explicitement, le lecteur ne peut que tirer des conclusions.)

"Ne dites jamais "la passion brûlante", le pauvre romancier doit le faire penser sans jamais la nommer", Stendhal.

Analyse du monologue du Comte Mosca (chapitre VII), p215 à 216, l 399 à 259)

I) une tirade dramatique (c-à-d tirée du théâtre, ne pas confondre avec théâtral)

a) mise en scène: choix des adjectifs, création d'un décor (pièce sombre...), jeu sur le clair-obscur, semblant de didascalies, jeu de scène

b)focalisation interne: l400-409: présence psychorécit; discours indirect libre, focalisation interne obligatoire; anaphore et jeu sur le regard de Mosca.

la focalisation interne est une hypothèse basée sur une portion de texte; il s'agit d'analyser:

-les verbes de perception ("remarquer, voir, sembler..."

-la restriction de l'information (on ne voit que ce que le personnage voit, donc vision de l'environnement particulière, peut entraîner des incompréhensions)

-un décalage des perceptions

c) une cause "déchirée": hésitation "je parle? oui mais..." omniprésente, rhétorique, dimensions émotives->Mosca reste tout de même lucide: il raisonne.

II) fonction dans "l'économie"(organisation) de l'oeuvre, trois portraits:

a) le comte ou le pouvoir: constatations négatives, actions corruptrices du pouvoir; estime qu'il a pouvoir de vie et mort, entre autres.

b) la Sanseverina, ou l'improvisation:plusieurs rôles, diverses méthodes de s'en sortir: elle s'adapte 

c) Fabrice, ou le bonheur: profusion d'adjectifs, en quête de l'amour, excerce un magnétisme, une attraction sur les femmes; "un autre homme" selon Mosca: Fabrice a évolué.

III) le regard du narrateur

a) échelle de valeurs: bonheur, amour, liés opposés à la corruption; jeu sur la bataille

b) jalousie: mécanisme principal: entraine une comparaison avec un rival potentiel: déséquilibre immédiat.

c) l'imagination, ou second mécanisme: Mosca passe en revue une série d'alternatives, imagine des fins potentielles=emploi de verbes au futur (concrétise ses visions),cristallisation.

"La cristallisation": terme employé par Stendhal dans De l'amour:  chaque plaisir est associé à l'être aimé; le terme est justifié par une métaphore stendhalienne: "mettre une branche de rameau dans une mine de sel, au fil du temps, la branche va se retrouver entourée de cristaux"= recouvrir l'être aimé de "cristaux", également. C'est le cas ici chez Mosca.

Analyse du passage sur la bataille de Waterloo, p107 à 108, ligne 299 à 355

NB: "le questionnaire en 7 points":  C'est la méthode qui nous a été conseillée pour réaliser les commentaires, je m'en servirai pour les analyses qui vont suivre, avant de proposer le plan.  Il va de soi que les réponses aux questions ne doivent pas se résumer à 3 lignes: la réflexion doit se faire ligne par ligne.

Questionnaire:

I- Caractériser le texte: récit d'une bataille, réaliste

II-focalisation dominante: interne (cf la digression sur la focalisation, dans l'analyse du monologue de Mosca), avec quelques altérations: utilisation d'une focalisation zéro, justifiée par un ton ironique, celui du narrateur.

III-Thèmes: (et non pas champs lexicaux, une idée peut suggérer quelque chose sans employer des termes qui s'y rapportent) la guerre, la violence, la fascination, l'héroïsme, l'observation, la curiosité, la naïveté, l'ironie trendre (chez le narrateur: il se moque de Fabrice, mais n'est pas cruel)

IV- composition: paragraphe 1: la mort, pitié de Fabrice/ p2: arrêt de la troupe et discussion/ p3: départ, mort/ p4: joie de Fabrice = gradation dans le comportement du héros, rythme particulier car accélération et pause alternée -par rapport aux galopades ou arrêts de la troupes, entre autres: effet de bataille accentué.

V-effets provoqués: immersion dans la conscience de Fabrice, sa confusion se transmet au lecteur (ex: les boulets, il ne comprend pas au début pourquoi la terre vole, etc...)+ cette espèce de gloire qu'il ressent face à son évolution;

VI-fonctions du texte dans l'oeuvre: Présenter le personnage, baptême du feu, éducation: opposition entre "enfant" (son enthousiasme du début) et "militaire" (il devient un homme), échelle de valeurs ici aussi.

VII- Sens, perspectives du texte: la confusion toujours, de par la sélection de l'information (le lecteur devine la psychologie de Fabrice au fil des allusions)

Plan éventuel (il suffit de redistribuer les éléments présentés ci-dessus, voir les chiffres entre parenthèses)

I-Apprentissage (I, II, V, éventuellement IV)

II-un héros naïf opposé au militaire (VI, II, IV)

III- Le reqard du narrateur (VII, III)

Analyse du monologue intérieur de Clélia, p359 à 361, l460 à 526

I: un monologue intérieur -majoritairement-,

II- focalisation intérieure/interne dominante (discours direct libre), altérations à relever (passage sur les orangers: thématique brisée, retour à la réalié, certaine ironie); jeu sur les temps des verbes: l'imparfait pourrait être substitué au passé simple, restriction du champ (elle tombe amoureuse sans en avoir conscience)

Le passé simple est un temps synthétique, l'action est envisagée de manière globale (=vue de l'extérieur).L'imparfait ne saisit le personnage qu'à l'intérieur de l'action, il est analytique (vue de l'intérieur, action envisagée avant la fin).

III- souvenirs (lac de Côme évoqué, retour en arrière), amour/ pudeur (de par Fabrice+ jeu sur les pronoms: Clélia semble ne pas vouloir prononcer son nom/ elle se fait des reproches, craint de passer pour une idiote: conscience minime de son amour), pensées et présages (le toit des orangers: c'est dessus que Fabrice va tomber en s'enfuyant), solitude associée au bonheur ( désir de retraite, avec une nature apaisante en opposition à la société), valorisation de Fabrice: suscite l'admiration (il est noble, fin, spirituel... Et "mauvaise garnement": un personnage mystérieux pour Clélia), Gina (distinguée, comblée de louanges, grandie par ses relations avec le Prince, pas spécialement une rivale).

IV- Fabrice>amour de la duchesse>amour du Prince>amour pour Fabrice>lac de Côme> amour entre Fabrice et la Duchesse>Tour Farnèse>Fabrice>orangers>mur>un prisonnier, donc Fabrice>curiosité, détachée>Fabrice>amour de la duchesse pour Fabrice>Fabrce>réflexion sur elle-même>retour à une situation où Fabrice est impliqué: elle n'a pas osé lui répondre= un plan en spirale, inutile de préciser que Fabrice est toujours abordé, non?

V- effets de spontanéité, fraîcheur,certaine ironie de par le narrateur, jouant avec les personnages,espèce d'hypocrisie, amoureuse chez Clélia.

VI-présenter  Clélia et ses pensées, son retour parmi les personnages principaux, indroduire le thème de l'amour, dresser son portrait par ce sentiment, préparer à la suite de l'action.

VII- ce qu'est l'amour selon Stendhal, donc référence à de l'amour. Cette partie ne sera pas obligatoire.

plan proposé:

I-immersion dans l'âme de Clélia

a) focalisation interne (I et II)

b) spontanéité du passage: un quasi monologue intérieur (V, IV)

c) altérations (II)

II- Fonction du texte dans le roman

a) présages, lien entre passage et oeuvre (III)

b) la naissance de l'amour (III, IV)

c) portrait de Clélia (III)

III- Analyse du sentiment amoureux (VII et III, + de l'amour. PARTIE FACULTATIVE)

a) intérêt de la scène de Côme

2) admiration et cristallisation

3) la pudeur à travers Clélia

 

 

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M
C'est un superbe ouvrage et votre travail est très bien fait! 1+
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A
Merci beaucoup ! J'avais pas mon analyse centrée sur les mêmes thèmes, ça va m'être très utile. Nous on a plus travaillé sur le lien avec l'histoire, la politique, le personnage de Fabrice puis l'amour.
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